Dès la semaine prochaine, 170 médicaments actuellement remboursés à 35 % ne seront plus remboursés qu’à 15 %, selon le journal Le Parisien. Pourquoi une telle diminution ? Ces médicaments sont-ils inefficaces ou cette mesure est-elle principalement destinée à tenter d’équilibrer le budget chronique de la Sécurité Sociale ?
Ces médicaments ont un service médical rendu (SMR) “faible ou insuffisant“. Selon la Haute Autorité de Santé (HAS), le service médical rendu est un critère qui prend en compte plusieurs aspects :
– La gravité de la maladie (ou du symptôme) pour laquelle le médicament est indiqué, – Des données propres au médicament lui-même dans une indication donnée, – Efficacité et effets indésirables, – Place dans la stratégie thérapeutique (notamment au regard des autres traitements disponibles) et existence d’alternatives thérapeutiques, – Intérêt pour la santé publique.
Résultat, après analyse des données des publications scientifiques, les médicaments sont classés SMR I (majeur), SMR II (important), SMR III (modéré), SMR IV (faible) ou SMR V (insuffisant). Un SMR IV ou V ne signifie pas qu’un médicament est inefficace, mais qu’il ne l’est pas suffisamment, en particulier par rapport à d’autres.
La liste définitive de ces 170 produits correspondant à 600 spécialités, classées SMR IV (ou V ?), ne sera publiée que la semaine prochaine au Journal Officiel, date à laquelle la réduction à 15 % entrera immédiatement en oeuvre.
Mais même si cette liste n’est pas encore connue et si l’efficacité de ces produits est au mieux modérée, ce déremboursement partiel pose plusieurs questions : – Pourquoi un tel taux intermédiaire, habituellement non utilisé (sauf pour les
veinotoniques avant leur déremboursement complet il y a 2 ans) ? – S’agit-il d’une étape intermédiaire avant un déremboursement total ?
– Les Mutuelles vont-elles compléter l’addition, bien que la Mutualité Française estimait, en octobre dernier,
qu’un tel taux n’avait “aucun sens“, jugeant qu’un médicament est soit utile (et remboursé à un taux élevé), soit inutile (et complètement déremboursé) ?
– Ou les patients devront-ils mettre davantage la main à la poche,
2 ans après la mise en place des franchises médicales, solution qui se profile de fait, si les Mutuelles refusent de compenser cette baisse à venir ? – Enfin, ces médicaments seront-ils toujours prescrits de la même façon par les médecins, prescriront-ils d’autres médicaments à la place (éventuellement plus chers…) ou convaincront-ils les patients de se passer de médicaments pour tel ou tel symptôme, pathologie ?
Click Here: cheap Cowboys jersey Difficile pour l’instant de répondre à ces questions, en l’absence de publication de cette fameuse liste et de son impact sur les prescriptions et les ventes effectives en pharmacie durant les semaines suivantes…
Le Parisien mentionne cependant le
Valium ® en gouttes, le
Nifluril ® sous forme de pommade (
Niflugel ® ) et le
Zovirax ® en crème. Il s’agit d’exemples de médicaments dont l’efficacité est indiscutable lorsqu’ils sont sous forme de comprimés (SMR important, par exemple, pour le
comprimé de Zovirax ®). Mais l’action des crèmes anti-inflammatoires ou antivirales est par contre relativisée scientifiquement, d’où un SMR faible qui n’empêche pas leur utilisation très fréquente. En tout cas selon le Parisien, ces toutes prochaines baisses de remboursement, qui pourraient poser des difficultés aux patients les plus modestes, devraient rapporter à l’Etat 150 millions d’euros, ce qui permettrait de combler une petite partie (environ 1 %) du déficit annuel de la Sécurité Sociale.
Jean-Philippe Rivière
Sources :
– “170 médicaments déremboursés dès la semaine prochaine“, Le Parisien, 7 avril 2010,
article accessible en ligne – Service Médical Rendu : questions-réponses, Haute Autorité de Santé,
accessible en ligne
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