Tout ceux et celles qui ont vu Se7en restent hantés par la fin du chef-d'oeuvre de David Fincher, d'un atroce pessimisme. Mais les producteurs ne voulaient pas en entendre parler, et en imposer une autre…
Film d’une noirceur abyssale, film à suspense, thriller, film d’horreur… Se7en est tout cela à la fois. L’oeuvre de David Fincher a marqué la mémoire cinéphilique et la rétine des spectateurs. Mais c’est surtout l’un des films les plus originaux, provocateurs et troublants sorti des écuries d’Hollywood depuis des décennies.
C'est l'un des plus grands films des années 1990 et son générique est un chef-d'oeuvre
Une fin plombante
Se7en fut pourtant mal noté par le public à l’issue de la projection. Abcès de fixation majeur : la fin retenue, d’un atroce pessimisme, avec le destin tragique du personnage incarné par Gwyneth Paltrow. Mais Fincher, Morgan Freeman et Brad Pitt tenaient absolument à cette fin. Le réalisateur fut d’ailleurs aidé par ce dernier : Pitt avait en effet fait inclure une clause dans son contrat afin que le scénario ne soit pas modifié, à moins que le réalisateur ne le juge indispensable.
Pour Fincher, “l’histoire commence comme un polar et se transforme en film de moeurs, en un pacte avec le Diable. Quand je suis arrivé à la fin [NDR : à la lecture du script de Andrew Kevin Walker] à la tête dans la boîte, j’ai simplement pensé, wow, ce ne sera pas un mec qui saute dans une voiture filant à toute vitesse, qui traverse la ville en grillant tous les feux rouges, qui sort son badge, qui grimpe aux escaliers de secours… C’est fini. Elle est morte. C’est terminé”. C’est précisément cette fin écrite par Walker qui a convaincu le cinéaste de faire le film.
Mais après avoir parlé avec son agent, le réalisateur comprend qu’il a reçu, par erreur, une version précédente du scénario. Il lit la dernière version et trouve, à son grand désarroi, qu’elle fonctionne nettement moins bien. Dans celle-ci, restée à l’état de storyboard, c’est Somerset qui tue John Doe, sauvant ainsi la carrière de son collègue en se sacrifiant, alors qu’il était tout proche de la retraite.
Quand Fincher parle du projet du film à l’un des producteurs et lui demande pourquoi la fin désormais restée à l’état de storyboard est celle qui est retenue, ce dernier lui répond qu’il est tout simplement hors de question que le film se termine avec cette tête dans un carton.
Aidé par Morgan Freeman et Brad Pitt comme précisé plus haut, Fincher parvient à faire fléchir les producteurs : pour lui, la fin pessimiste originale est la condition sine qua non pour faire le film :
“j’ai simplement dit : dans cinquante, soixante ans, quand nous ne serons plus là, quelques jeunes réunis autour d’une bouteille parleront du film qu’ils auront vu la veille à la télé, en fin de soirée, et l’un d’entre eux dira “Je ne me souviens plus du nom de l’acteur, mais c’est le film où la camionnette arrive à la fin et où le mec a une boîte avec une tête dedans. Le film de la tête dans la boîte” raconte Fincher.
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La fin que nous connaissons, grandiose et atroce, révèle une vision du monde d’un terrible pessimisme. Une fin qui nous fait comprendre que même un monde qui n’est ni beau ni juste mérite, quelque part, que l’on se batte pour lui.
C’est tout le sens de l’ultime réplique magistrale de l’oeuvre, lorsque Somerset cite Hemingway. Cette réplique fut d’ailleurs ajoutée d’un commun accord entre Fincher et les producteurs, adoucissant, à peine, la noirceur d’un tableau apocalyptique des méandres de l’âme humaine.
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