Enfants et VIH : la face cachée de l'épidémie

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Toronto, le 17 août 2006 – Chaque minute, un enfant de moins de 15 ans est infecté par le virus du sida. Dans les pays du Sud, les enfants bénéficient encore moins que les adultes des derniers traitements. Manque d’étude, difficulté de prévention… découvrez la face cachée de cette épidémie.« Les enfants touchés par le VIH représentent 14 % des nouvelles infections (700 000 nouveaux cas), 18 % des décès annuels dus au sida (57 000 décès) et 5,6 % des personnes vivant actuellement avec le VIH. A la fin de l’année 2005, on comptait 15 millions d’orphelins du sida » déclare le Pr. Ruth Nduati, pédiatre à l’Université de Nairobi1. Ces quelques chiffres suffisent à montrer l’urgence de la situation.Un état des lieux dramatique

Chaque minute, un enfant de moins de 15 ans est contaminé par le virus du sida dans le monde. Dans 90 % des cas, ces jeunes séropositifs vivent en Afrique sub-saharienne. Dans cette région, l’accès aux soins ne concerne que 17 % des personnes en ayant un besoin urgent. Cette proportion est encore plus faible si l’on se focalise sur les enfants ou les femmes enceintes (l’infection se produit lors de l’accouchement ou de l’allaitement). Seulement 10 % des femmes enceintes reçoivent une prise en charge empêchant la contamination à leur bébé. Pourtant, l’infection du VIH pédiatrique peut être presque entièrement prévenue. C’est le cas dans les pays développés où ce type de transmission est de moins de 2 %.2. Une étude financée par l’Agence nationale de recherches sur le sida a permis d’obtenir à long terme un taux très bas de transmission du VIH de la mère à l’enfant (près de 6 %) en Afrique, en combinant traitement antirétroviral prénatal et au moment de l’accouchement (à base de Viramune®) avec des alternatives à l’allaitement maternel prolongé3.Des traitements efficaces chez l’enfantLongtemps, on a manqué de données concernant l’efficacité des traitements antiviraux chez les plus jeunes. « On peut s’interroger sur le devenir du médicament dans l’organisme d’un enfant, dont le métabolisme peut présenter encore une certaine immaturité ou altération. D’autant plus qu’ils ont été exposés très précocement à ce virus » déclare le Dr Xavier Copin, médecin VIH au Kremlin-Bicêtre. Que sait-on de l’efficacité des antiviraux dans cette population particulière ? Plusieurs études présentées lors du congrès mondial contre le sida 2006 répondent à cette question. « Nous vivons actuellement une époque d’espoir en ce qui a trait aux traitements destinés aux enfants infectés par le VIH » a déclaré le Dr Mark Klein, de la Baylor International Pediatric AIDS Initiative4. « Dans les pays en voie de développement, beaucoup d’enfants sont actuellement sous thérapie antirétrovirale et nous observons les mêmes progrès, chute rapide des taux de mortalité et réduction du nombre de cas d’infections opportunistes, auxquels nous assistions, il y a dix ans, dans les pays développés ». Plusieurs études démontrent ainsi la faisabilité de tels programmes5,6. Chez des enfants atteint déjà lourdement traités, une trithérapie associant l’un des derniers inhibiteurs de protéase (le tripanavir ou Aptivus®) et ritonavir a permis de rendre le virus indétectable chez 35 à 45 % des enfants7.Ne pas oublier la prévention chez les jeunesPour la première fois, un programme intitulée « A vos marques, prêts, partez ! » conduite par l’Onusida a été consacrée à l’efficacité de différents types d’intervention dans les écoles, les services de santé, les médias et les communautés concernant le VIH et les jeunes les plus exposés au risque d’infection. Ses résultas ont été rendus publics dans le cadre de la conférence mondiale : ils définissent ce qu’il faut faire dès maintenant pour réduire l’infection des jeunes par le VIH et atteindre les cibles fixées au niveau mondial. Les interventions ont été classées de manière à ce que les éléments puissent être facilement compris et utilisés par les responsables des politiques et des programmes.Il apparaît de plus en plus évident et urgent de traiter le sida chez les enfants. « Nous connaissons les solutions qui donnent des résultats concluants et nous devons les appliquer. Tout comme le congrès 2006 aura mis en avant la nécessité de donner aux femmes les moyens de prévenir l’infection, le prochain congrès pourrait choisir comme priorité la protection et le traitement des enfants » conclut le Dr Xavier Copin.David BêmeCrédit photo : © UNICEF/ HQ02-0567/ Pirozzi1 – Children and Aids -Ruth Nduati – Aids 2006 – 16 août 20062 – Bilan : le VIH chez l’enfant – Organisation mondiale de la santé3 – THAC0101 – 18-month effectiveness of short-course perinatal antiretroviral regimens combined to infant-feeding interventions for PMTCT in Abidjan, Côte d’Ivoire. DITRAME PLUS ANRS 1201/1202 2001-2005 – Aids 2006 – Abstract Book4 – Dr Mark Klein – Aids 2006 – 16 août 20065 – MOAB0201 – Children enrolled in a public HIV care and treatment program in Lusaka, Zambia: rapid scale-up and first-year clinical outcomes – Aids 2006 – Abstract Book6 – MOAB0204 – Antiretroviral therapy (ART) outcomes in children under 13 years of age in resource-poor countries (RPCs): a medecins sans frontieres (MSF) cohort – Aids 2006 – Abstract Book7 – WEAB0301 – Efficacy and safety results of 48 weeks of treatment with APTIVUS oral solution co-administered with low dose ritonavir (APTIVUS/r) in children and teenagers (phase I/IIa study) – Aids 2006 – Abstract Book8 – Communiqué de l’Onusida du 16 août 2006

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