Un hiver à Yanji : un peu de douceur sur la Croisette

Présenté dans la sélection Un Certain Regard, le film d'Anthony Chen offre une parenthèse humaine et bienveillante dans un Festival de Cannes 2023 marqué par la dureté et la noirceur. Une parenthèse qui se teinte parfois de malancolie.

Entre une séquence vomi et un film oppressant signé Jonathan Glazer, il est bon de s’accorder une pause d’humanité. Et à ce petit jeu-là, Un hiver à Yanji s’en tire avec les félicitations du jury.

Né à Cannes

Anthony Chen est un enfant de Cannes. Récompensé pour son premier court-métrage (2007), puis Caméra d’or pour son premier long, le cinéaste singapourien aujourd’hui âgé de 39 ans doit donc tout à la Croisette. Et le Festival lui fait cette année l’honneur de la sélection Un Certain Regard.

Pronostics déjoués

Un hiver à Yanji met un scène un trio (on n’ose dire un trouple), qui a tout pour virer au drame. Soit un expert de la finance chinois de passage en Corée du Sud à la faveur d’un voyage organisé qui fait la connaissance d’une jeune femme, guide touristique dudit voyage organisé. Elle est aussi volubile et volontaire que lui est introverti et rongé par un mal-être existentiel. La jolie guide tombe bientôt sous le charme du beau ténébreux, et elle lui présente le plus naturellement du monde son meilleur ami (et juste un ami), qui, cuisinier de son état, se meurt d’amour pour la jeune femme. Elle le sait et en joue, modérément. Déjouant tous nos pronostics, les deux hommes se lient d’amitié, et le trio décide de s’accorder une virée dans une Corée hivernale, le temps d’un week-end. Si ce roadtrip cède à quelques conventions du genre (dont la marrade alcoolisée), il surprend par sa douceur et sa mélancolie sourde.

Réponse au COVID

Le temps suspendu de ce séjour improvisé est propice à l’introspection pour ces trois personnages, qui tour à tour dévoilent des failles béantes et des envies d’ailleurs jusque-là inexprimées. Et pourtant, elles sont bel et bien là, ces envies. Ces personnages n’ont pas trente ans, mais chacun sonde déjà l’abîme entre leur vie rêvée et leur quotidien. Les larmes surgissent alors, sans crier gare, sans effusion. Cette retenue est porteuse d’émotion et fait tout le prix de ce joli film, qu’Anthony Chen a voulu comme une réponse au confinement forcé par temps de COVID. Le besoin d’oxygène du trio est avant tout le sien, et devient le nôtre.

Un hiver à Yanji n’a pas encore de date de sortie en France.

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